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Peut-être avez-vous déjà été confronté à cette question existentielle : à quelle température dois-je faire infuser ma tisane ? Et d’abord, est-ce que je dois la faire infuser ? Ne devrais-je pas choisir la macération ou la décoction ? Autant de questions pour préparer une tisane que nous passons en revue ici.
Avant de commencer, dotez-vous de matériel idoine !
Vous allez peut-être avoir le sentiment qu’on cherche la petite bête, mais utiliser une bonne tisanière est important. C’est une question de saveurs avant tout ! En effet, plus la matière de votre tisanière est neutre, moins il y aura de problèmes de saveurs “parasites” ajoutées à votre infusion. A ce titre, nous préconisons 3 types de matières : la terre, la fonte et le verre. Dans tous les cas, attention aux dépôts de tanin ou autres composants de vos plantes. En somme, si une couronne noire commence à se former autour de votre tisanière, il est temps de la laver soigneusement (un petit bain au vinaigre blanc ou à l’acide citrique fera l’affaire).
Pour contrôler au mieux la température de l’eau – qui est très importante comme nous l’expliquons plus loin – il existe de plus en plus de bouilloires avec un thermostat intégré. Très pratique !
Si vous n’en avez pas, quelques repères simples :
– Pour ne pas trop dépasser 70°C, stoppez la chauffe lorsque l’eau commence à frémir (pas à bouillir) : vous entendez un petit bruit comme un ronronnement et de petites bulles se forment au fond (si vous pouvez le voir).
– Pour atteindre 85°C, continuez la chauffe jusqu’au début de l’ébullition : des bulles commencent à remonter jusqu’à la surface (pas les toutes petites bulles du début, mais des bulles plus grosses).
– Pour la décoction, c’est plus simple : commencez à compter le temps à partir du début de l’ébullition. La plupart du temps, on conseille 5 à 10 minutes de décoction.
Le choix de l’eau aussi est important : pour des raisons environnementales, préférez l’eau du robinet à l’eau en bouteille. Le problème de l’eau du robinet est qu’elle sent souvent le chlore, encore plus une fois chauffée. Si vous n’avez pas la chance d’avoir une belle eau de source près de chez vous, un système de filtration de votre eau du robinet (carafe filtrante ou filtre sur le robinet) vous permettra de ne pas avoir d’arrière-goût de chlore en bouche.
Choisir la bonne méthode pour préparer une tisane
Nous avions déjà fait un article sur les 3 méthodes existantes, nous vous conseillons de le lire si vous découvrez les notions de macération, d’infusion et de décoction.
Quelle méthode choisir ? Cela dépend de plusieurs critères:
- La partie de la plante : plus elle est coriace, plus il faudra “faire d’efforts” pour en extraire les saveurs. Ainsi, les racines coriaces libéreront mieux leurs vertus avec une décoction. Au contraire, les fleurs délicates sont les plus savoureuses en macération et surtout ne supportent pas l’eau trop chaude ; donc au plus infusion dans une eau chauffée jusqu’au stade “frémissant” et ne surtout pas les faire bouillir.
- La surface de contact : plus les morceaux sont gros, plus il faut du temps pour extraire les saveurs.
Pourquoi est-ce important de choisir la bonne méthode ? Tout simplement parce que c’est cela qui va permettre de développer tout le potentiel de la plante. De manière générale, on dit que les fleurs doivent être infusées à 70°C, les feuilles à 80°C et les racines à 90°C. Certaines bouilloires ont un thermomètre intégré voire réglable, ce qui s’avère très pratique si on souhaite être précis.
Enfin, certains composés des plantes s’extraient bien mieux avec de l’alcool. Dans ce cas, suivez la méthode donnée dans notre article sur l’extrait alcoolique.
Mélanges : “additionner” les méthodes pour un résultat encore plus optimal
Si vous êtes attaché aux mélanges de plantes, vous utilisez certainement des parties différentes de plantes. Ainsi, peut-être mélangez-vous des racines de guimauve avec des feuilles de menthe poivrée et des fleurs de coquelicot ? Là aussi, dans l’idéal, nous recommandons de « mélanger” ou plutôt « additionner » les méthodes de préparation : commencez par faire une décoction de racine de guimauve, et ajoutez vos feuilles de menthe poivrée 2 minutes après avoir coupé le feu, pour une infusion. Les fleurs de coquelicot seront ajoutées en dernier, encore 2-3 minutes après, pour que la température ait suffisamment baissé.
Mais si tout cela vous semble trop compliqué, ou si vous avez un mélange tout près qui comprend différentes parties de plantes, optez pour une infusion classique : porter à ébullition et couper le feu au tout début de l’ébullition.
Et après la préparation : la dégustation !
Maintenant que vous savez (presque) tout sur les méthodes de préparation des tisanes, passons à la dégustation en elle-même. Dans certains pays, comme la Chine ou le Japon, il s’agit d’un moment important et tout doit être là pour parfaire cet instant. Pour votre inspiration, voici une anecdote de dégustation : le maté est souvent couvert et dégusté à la paille. En effet, le fait de couvrir la tasse permet de laisser un bouquet odorant qui apporte des saveurs supplémentaires. Intéressant, non ?
Ceci étant dit, soulignons que la dégustation d’une tisane peut être l’occasion pour vous de prendre un temps de repos, un temps pour soi. Trouvez donc un endroit dans lequel vous vous sentez bien, prenez quelques respirations profondes et dégustez votre tisane en étant le plus possible dans l’instant présent.
Concentrez votre attention sur les odeurs en rapprochant la tisane de votre nez (attention aux vapeurs chaudes). Puis, prenez une première gorgée et laissez la en bouche suffisamment longtemps, le temps que les saveurs se déploient. Vous pouvez comme la mâcher, la faire circuler dans votre bouche. Enfin, avalez et continuez à être attentif·ve aux sensations qui persistent en bouche.
Préparer une tisane dans les règles de l’art demande une préparation assez précise. Cependant, même si votre méthode de préparation n’est pas 100% adéquate, ce n’est pas grave tant que vous appréciez ce que vous faites. Car le maître mot est bien d’apprécier sa tisane.