| Blog | Vie d'arcadie |
Ces dernières semaines, j’ai vécu je crois le plus beau moment que puisse vivre un dirigeant d’entreprise : se sentir reconnu et compris dans le rapport intime et viscéral qu’on noue avec sa propre entreprise, et ce, par les salariés eux-mêmes.
Tout a commencé à l’automne dernier, quand, inspirés par le témoignage de l’entreprise Triballat Noyal (maintenant Olga), nous avons décidé, avec mes collègues du directoire d’Arcadie, Laurence et Manuel, de faire appel à Toscane Accompagnement pour lancer un travail collectif de définition de la raison d’être et de la vision de l’entreprise.
Depuis le passage en holacratie en 2017, nous étions passés par plusieurs versions de notre raison d’être, à chaque fois très intellectuelles, trop longues, et surtout, écrites exclusivement par le directoire. Si pour la dernière version nous avions osé consulter les salariés, nous n’avions pas su intégrer leurs propositions parfois contradictoires.
Bien sûr, dans nos différentes lectures sur l’entreprise libérée, il y a pas mal d’exemples où la raison d’être avait été écrite par les salariés, mais cela me semblait presque utopique tant je ne voyais pas comment une centaine de salariés allaient pouvoir se mettre d’accord pour résumer en une phrase la raison d’être profonde de l’entreprise. Déjà, nous, à 3, nous n’arrivions à rien de complètement satisfaisant, mais alors à 100 ?! Et puis cette raison d’être, si moi je la sentais confusément, obscurément dans mes propres tripes, sans parvenir à mettre les mots dessus, qui pourrait y arriver ? À moins de m’ouvrir le ventre et de la lire directement dans mes entrailles ?
Depuis le passage en holacratie en 2017, nous étions passés par plusieurs versions de notre raison d’être, à chaque fois très intellectuelles, trop longues, et surtout, écrites exclusivement par le Directoire. Si pour la dernière version nous avions osé consulter les salarié·e·s, nous n’avions pas su intégrer leurs propositions parfois contradictoires.
Bien sûr, dans nos différentes lectures sur l’entreprise libérée, il y a pas mal d’exemples où la raison d’être avait été écrite par les salarié·e·s, mais cela me semblait presque utopique tant je ne voyais pas comment une centaine de salarié·e·s allaient pouvoir se mettre d’accord pour résumer en une phrase la raison d’être profonde de l’entreprise. Déjà, nous, à 3, nous n’arrivions à rien de complètement satisfaisant, mais alors à 100 ?! Et puis cette raison d’être, si moi je la sentais confusément, obscurément dans mes propres tripes, sans parvenir à mettre les mots dessus, qui pourrait y arriver ? À moins de m’ouvrir le ventre et de la lire directement dans mes entrailles ?
Et puis, à l’automne dernier, inspirés par le témoignage de l’entreprise Triballat Noyal (maintenant Olga), nous avons décidé, avec mes collègues du directoire d’Arcadie, Laurence et Manuel, de faire appel à Toscane Accompagnement pour lancer un travail collectif de définition de la raison d’être et de la vision de l’entreprise.
C’est donc portés par l’exemple de Triballat et par la confiance profonde que nous avions acquise dans les processus de Toscane Accompagnement que nous nous sommes lancés dans l’aventure, avec le soutien de Thomas Fiot. Et puis surtout, rassurés par la garantie qu’à la fin, c’est le directoire qui aurait le « final cut ». Le travail d’intelligence collective permettrait l’émergence, le brainstorming, mais nous conserverions la prérogative royale de ciseler nous-mêmes les mots à même le marbre (oui, je sais, j’en fais un peu des tonnes, mais c’est pour souligner qu’en tant que dirigeant, même en holacratie, on n’est jamais à l’abri d’un léger sentiment de supériorité, voire même d’un soupçon d’orgueil. Si si, je vous jure.)
En janvier, nous avons nommé un comité de pilotage, et nous leur avons confié la mission de mettre en place, avec l’aide de Thomas, des groupes de travail ouverts à tous pour définir la raison d’être, les valeurs et la vision à 10 ans de l’entreprise. Il a été rapidement décidé que cela se ferait en 2 temps : d’abord le socle identitaire (histoire – valeurs – raison d’être) jusqu’en juin, puis vision jusqu’à la fin de l’année. Nous avons fixé un budget pour les « explorations », et profité de notre baisse d’activité pour fixer un budget temps illimité à tous ceux qui voulaient participer.
Rapidement, l’ambiance a changé dans Arcadie. Des réunions joyeuses s’organisaient au soleil sur les tables extérieures, et l’entreprise entière semblait bruisser d’un enthousiasme communicatif.
En quelques mots, le processus de Toscane s’inspire de la théorie U d’Otto Scharmer : une première phase d’exploration à la rencontre des parties prenantes ou de personnes inspirantes, puis une phase d’introspection où chacun partage ce qu’il a découvert, et enfin une phase de prototype rapide, où, sous forme d’atelier d’écriture et en passant par des itérations successives, les différents textes prennent forme.
Nous n’avons pas participé aux différents groupes de travail, mais étions simplement tenus au courant des avancées, avec quelques points d’étape qui nous permettaient de faire quelques commentaires et de nous assurer qu’ils étaient dans la bonne direction.
Et puis le 13 mai, je m’en rappellerai toute ma vie, au milieu de 3 autres propositions, est apparue « la » raison d’être d’Arcadie. Comme par miracle, ces mots que je cherchais depuis des années étaient là, sous mes yeux, avec pour moi la clarté de l’évidence, la simplicité de l’essentiel et l’émotion de la vérité. Et surtout, ce sentiment profond de reconnaissance, presque de communion dans ce qui est la raison profonde de mon engagement dans Arcadie.
« Goûter à l’aventure d’un monde juste. »
Car je ne sais pas si cela arrive à d’autres chefs d’entreprise, mais pour moi, ça a souvent été une souffrance d’avoir l’impression d’être le seul à percevoir et à lutter pour la mission de l’entreprise. Au milieu de toutes ces contraintes, ces difficultés, ces tentations à appliquer les bonnes vieilles méthodes, ces peurs, ces croyances limitantes, j’avais parfois le sentiment d’être le seul garant de l’essence profonde d’Arcadie.
Aussi quand j’ai réalisé que non seulement tous les Arcadiens percevaient comme moi cette essence, mais qu’en plus ils arrivaient à mettre dessus les mots qui moi me fuyaient, ça a été un choc et une joie profonde.
Ces mots, ils ne vous parleront sans doute pas autant qu’à moi, et ils n’ont de toute façon pas vocation à devenir un slogan ni un outil de communication. Dans une entreprise qui cherche à abandonner l’autorité sur les personnes, la raison d’être devient le véritable chef, la clef de voute qui permet l’alignement de toutes les libertés individuelles. C’est l’étoile polaire qui doit permettre à chaque Arcadien de prendre toutes ses décisions de manière autonome, sans avoir besoin d’en référer à son chef.
Les valeurs d’Arcadie
Quelques jours après, nous avons vécu la même épiphanie avec le deuxième groupe de travail qui nous a non seulement présenté les valeurs de l’entreprise, mais où les participants ont pu témoigner de comment ce travail leur avait permis de renforcer leurs liens avec Arcadie, de reconnaître la valeur de notre travail de changement de gouvernance entrepris depuis 5 ans et simplement de nous dire leur joie d’avoir pris part à ce processus.
« Se rencontrer – Œuvrer avec audace – Agir pour la terre »
J’ai maintenant hâte de voir le résultat de la deuxième phase de cette aventure, avec l’esquisse, sous la forme d’une promenade dans le futur, de ce que sera l’entreprise dans 10 ans. Dix ans, c’est l’horizon de tous les possibles, l’échelle de temps qui permet de « viser la lune », comme le dit Interface, et d’ainsi se doter d’un moteur puissant de transformation.
Article écrit par : Matthieu Brunet
La marmite Arcadie, je suis tombé dedans quand j’étais petit ! Et je suis aujourd’hui très fier d’en assurer la direction avec ma femme et mon frère, et continuer à faire d’Arcadie un endroit où on peut vraiment changer le monde !