La vanille et le poivre BIO de Madagascar

La filièreEn résumé

Madagascar, Région du Sambirano (district d’Ambanja)

Qui

Une association de paysans : Soa Miara-Dia amin’y Labs société Les Aromatiques Bio du Sambirano (LABS)

Quoi

Poivre noir, vanille, piment langue d’oiseau

Combien

 88 paysans + 550 saisonniers sur 2 mois pour le poivre + 150 saisonniers sur 5 mois pour la préparation de la vanille

Quand

Partenariat depuis 2012, Biopartenaire® depuis 2017

Produits

De la cultureà votre assiette

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Le Sambarino : une nature préservée

Nous sommes dans la province d’Antsiranana, région Diana. Ambanja en est le district. Le Sambarino est délimité au sud par le massif le plus haut de Madagascar – le Tsaratanana culminant à 2876m – , l’archipel de Nosy bé et la baie d’Ampasindava au nord.

Le climat est très favorable à la culture des plantes à parfum comme l’ylang ylang, le vetiver, mais aussi des cacaoyers (c’est la seule région de Madagascar à produire du cacao) et à la culture d’épices telles que le poivre, la vanille, la cannelle, le curcuma, le piment pili pili ou encore le poivre sauvage.

Côté températures, la moyenne annuelle est de 26°C et les variations sont assez faibles : il fait a minima 22°C pour aller jusqu’à 30°C. La saison sèche est très marquée, d’avril à novembre avec de faibles précipitations, contrebalancée par une saison des pluies importante avec 2500 mm à 3000 mm d’eau sur 4 mois.

Avec une forte biodiversité, la région du Sambarino aux terres fertiles et saines est propice à la culture de très nombreuses plantes, dont la vanille et le poivre.

L’abondance de l’humus, l’apport d’alluvions pendant la saison des pluies, la forte biodiversité donnent à cette région des terres fertiles, saines, permettant la plantation de nombreuses espèces sans nécessité d’apports d’engrais de synthèse ou de traitements phytosanitaires.

Les habitants du Sambirano, disséminés dans des zones souvent éloignées des grands centres, ont su conserver la diversité et la richesse des forêts et des sols.

Ils ont maintenu, souvent associées, des cultures de rente – comme la vanille et le poivre ou encore l’anacardier (noix de cajou) – aux côtés des cultures vivrières – le manioc, la patate douce ainsi que des fruitiers comme les manguiers, les jacquiers, les arbres à pain, les papayers, les bananiers et tant d’autres.

Pour atteindre les parcelles, il faut jusqu’à 4 jours : après une piste très difficile pour les véhicules, il faut prendre une pirogue pour remonter le fleuve Sambirano, jusqu’à Antseva, un village au bord du fleuve. C’est la première zone de production de poivre, sur laquelle a été implantée une case pour loger les visiteurs et autres contrôleurs. De là partent de petits sentiers qui montent – jusqu’à 600m d’altitude – vers les autres zones de production. Les différences d’altitude permettent d’étaler les périodes de récolte.

Cultures associées Curcuma Bananier Madagascar_1716 photo_Maxime_Beaufey

Poivre : culture et préparation

Le poivre est une liane dont la culture nécessite un support vertical : celui-ci est presque toujours un arbre cultivé : cacaoyer, caféier, le long duquel le poivre monte. Ces supports vivants sont eux-mêmes protégés sous de plus grands arbres. C’est ainsi plusieurs étages de végétations qui sont valorisés.

Le poivre est vert en avril-mai, puis il mûrit progressivement en passant l’“hiver Austral“. À partir du mois d’octobre, les paysans récoltent les grappes de poivre mature aux baies jaunes, orangées, voire rouges quand la maturité est très bonne. Cette récolte est périlleuse car les lianes atteignent des hauteurs spectaculaires. Les grappes de poivre sont mises en sac et conservées ainsi 24 à 48h pour entamer une légère fermentation, facteur de développement des arômes.

Le poivre noir désigne la baie récoltée verte, puis séchée après une très courte fermentation. La chair de la baie brunit alors fortement, d’où le nom de poivre noir.

L’opération d’égrappage suit immédiatement la sortie des sacs, suivie d’un premier lavage puis séchage au soleil. Les baies brunissent alors pour atteindre un taux d’humidité variant de 15 à 18%. Chaque producteur transporte ensuite sa récolte jusqu’à Antseva, un village sur les bords du fleuve, à quelques heures de pirogue de l’usine de transformation de LABS. Dans les locaux de LABS, le poivre est relavé puis remis à sécher 2-3 jours au soleil sur les tiroirs du séchoir (séchoir solaire exclusivement). Chaque soir, les grands tiroirs de séchage sont roulés sous abri pour éviter toute reprise d’humidité ou la pluie.

Nous sélectionnons un poivre d’une densité supérieure à 550g au litre, garantissant une maturité naturelle vecteur d’arômes spécifiques au Sambirano. Un tri manuel attentif par vannage permettra de sélectionner plus finement les grains et réserver pour la poudre les grains plus clairs (tri colorimétrique) qui rejoindront ceux de faible densité (tri densimétrique).

Dès la fin novembre, tri et séchage terminés permettent d’envisager l’exportation par bateau vers les locaux d’Arcadie. Les containers seront affrétés dans le port d’Antsiranana et voguent jusqu’à Fos Sur Mer, d’où ils terminent leur voyage en camion jusqu’à Méjannes-les-Alès.

Gros plan sur des baies immatures ; c'est à ce stade qu'elles sont récoltées pour le poivre noir
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Sur une grappe de poivre, on trouve souvent des baies à des maturités différentes. Une phase cruciale de tri est effectuée juste après récolte pour séparer à la fois les maturités différentes, mais aussi les calibres/densités.
Ouvrières malgaches triant manuellement le poivre (photo Samuel Avril)
Le poivre noir tel qu'il nous parvient à Arcadie (photo Martin Lacroix)

Vanille : une culture exigeante...

Les paysans de la région du Haut Sambirano cultivent les lianes de vanille dans des forêts diversifiées. La vanille doit pousser sous un ombrage partiel, et les arbres – mantali, bonara, cacaoyers et caféiers – lui offrent l’ombrage adéquat. Ces forêts apportent également une grande quantité de l’humus nécessaire à la liane. Les paysans apportent en plus régulièrement un peu de compost, ou mettent en place un paillage assez riche… et doivent protéger chaque pied contre les agressions des poules ! La liane pouvant mesurer plus de 10m est aussi régulièrement « bouclée » : accrochée à un tuteur naturel avec des liens de raphias, elle st conduite de façon à monter en redescendre en boucle, pour faciliter la fécondation manuelle et la récolte.

D’août à septembre, les lianes de vanille sont en fleurs ; pour chaque liane sont gardés 3 à 7 épis d’une vingtaine de fleurs ;  6 à 10 fleurs par épi sont fécondées manuellement, une à une, pour rendre la fécondation moins aléatoire. Les gousses vertes se forment alors et atteignent leur taille définitive 5 à 6 mois plus tard, soit aux alentours de janvier. S’ensuit une lente maturation, dépendante de la pluviométrie, de la température et des éléments nutritifs disponibles.

Les dernières semaines de la maturation sont essentielles pour une teneur en vanilline élevée. Une récolte trop précoce est donc préjudiciable pour la qualité de la vanille. Aux alentours de juin (presque 1 an après la floraison !), la vanille est bonne à récolter.

Avec une conduite précise de la liane et une pollinisation manuelle, la culture de la vanille demande beaucoup de soin et de patience.

Dans cette région et avec le contexte actuel, les paysans plantent chaque année de nouvelles parcelles (tronçons de tige mis soigneusement en terre) ; la liane fleurit dès la 1ere année, mais pour ne pas l’épuiser les paysans attendent 3 ans après plantation pour la faire entrer en production.

La richesse du milieu en humus, un bon drainage du sol (légère pente), de bonnes conditions climatiques et un bon entretien des lianes peuvent permettre des récoltes de 1kg de gousse verte par pied ; une liane mal entretenue, laissée plus ou moins à elle-même, ne fournira plus qu’environ 300g de vanille verte.

La récolte et la vente de la vanille ``verte``

Les “jours de marché” – où les paysans peuvent vendre leur vanille – sont décidés courant avril selon la maturation des cultures.

 

Le jour dit, ou la veille, les paysans récoltent leurs gousses de vanille, mises dans des sacs (fournis pour éviter le risque d’utilisation de sacs ayant contenu des produits phytosanitaires). Ils les apportent sur le site du marché où les gousses sont pesées, vérifiées puis payées aux producteurs. Les vanilles vertes achetées aux paysans engagés dans notre filière Biopartenaire® sont ensuite transportées à dos d’homme puis en pirogue et par piste pour arriver aux locaux de transformation de LABS

De la vanille verte à la noire...

La vanille fraîchement livrée subit un premier tri (photo Manuel Brunet)
Vanille Madagascar Echaudage Gousses Fraiches Ouvriers photo Manuel Brunet_9952

…une préparation longue et méticuleuse

Dans les locaux de LABS, les gousses encore en grappes sont étalées sur de grandes nattes et subissent un 1er tri selon leur aspect. Elles sont ensuite soigneusement égrappées : il faut éviter de blesser la crosse des gousses (= le pédoncule), ce qui entraînerait rapidement des pourrissements. Dès le lendemain, soit 3 à 6 jours après la récolte – elles sont échaudées quelques minutes dans de l’eau bouillante. Encore fumantes, elles sont enroulées dans des couvertures pour 12 à 16 heures d’étuvage. Cette phase déclenche le processus de production des arômes recherchés. Les vanilles vertes vont alors progressivement brunir.

Vient ensuite le séchage ; au Sambirano, seule la solarisation est utilisée (pas de fours comme dans d’autres régions) : chaque jour les vanilles sont exposées au soleil pendant quelques minutes ou un peu plus (un séchage trop intense abîmerait la vanille), puis enroulées dans leur couverture où elles développent leurs arômes.

Plusieurs mois d’attention quotidienne sont requis pour parvenir à la très précieuse gousse brune de vanille et ses arômes incomparables

Un séchage supplémentaire à l’ombre suit, durant lequel les vanilles sont séparées selon leur longueur, leur aspect, les fendues étant écartées pour la poudre ou d’autres transformations. Un travail quotidien est mené sur chacune des gousses : lissage, assouplissement… jusqu’à la maturation finale dans des caisses de bois couvertes.

Ainsi dans cette région du Sambirano, la température pas trop élevée, le soleil radieux et un vent modéré pour éviter la moisissure sont les conditions idéales pour toutes ces étapes de transformation, qui prennent au total entre 5 et 6 mois, quand dans d’autres régions elles nécessitent 7 à 8 mois.

Et voilà nos belles gousses de vanille du Sambirano souples, riches en vanilline, douces, parfumées…

La vanille transpire quelques heures enroulée dans des couvertures (photo Manuel Brunet)
Le séchage des gousses peut alors commencer, quelques heures d'insolation chaque jour (photo Manuel brunet)
Les gousses brunes et encore assez charnues vont sécher très progressivement, sous une surveillance assidue pour éviter les moisissures et autres risques de détériorations (photo Manuel brunet)
Après de longues semaines arrive l'étape finale d'affinage dans des coffres en bois (photo Samuel Avril)
Après un long voyage maritime puis un peu de camion, les gousses sont conditionnées dans nos ateliers, dans le Gard (photo Martin Lacroix)

Les mélangesavec les produits de la filière

Nous proposons 3 formes différentes pour notre poivre noir malgache : en grains entiers, en grains concassés et en poudre.

Chaque mouture est disponible dans plusieurs conditionnements.

Notre poivre malgache entre aussi dans la composition de plusieurs mélanges.

Notrepartenariat

Bâtiments de Labs poivre vanille Cook Madagascar
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Des producteurs en association

Les Aromatiques Bio du Sambirano est une société (SARL) créée en 2012 par plusieurs structures de l’Agriculture Biologique, de France (Arcadie, Golgemma), du Québec (Union Nature Canada), de Suisse (Farfalla Suisse), et de Madagascar (Patrick & Gaëlle Collin, Phaël Flor). Elle fédère une centaine de paysans malgaches, de la région du Sambirano à Madagascar.

LABS a pour objectifs :

Un travail avec les paysans malgaches

Une production biologique

Des partenariats et un commerce équitables.

La filière est labellisée Biopartenaire® depuis 2017.

L’association de paysans est née en 2018, avec 60 membres : « Soa Miara-Dia amin’y Labs » (ce qui signifie : « pour un avenir, ensemble, avec LABS »), présidée par M. Velotombo. Elle a pour but de fédérer ces paysans du Haut Sambirano autour des formations et des suivis techniques, ainsi que de former le groupe à toutes les pratiques de l’Agriculture Biologique.

Elle est aussi la partie prenante essentielle concernant l’usage du fonds de développement. Ce fonds, versé par Arcadie aux producteurs dans le cadre du contrat de commerce équitable Biopartenaire®, correspond à 5% du montant des achats.

Producteurs de vanille en tenue de fête lors de l'inauguration de la maison des producteurs (photo Gaëlle Collin)

Utilisationdu fonds de développement

Officialiser la propriété foncière

Plusieurs idées étaient venues en 2017 pour utiliser ce fonds, et c’est la sécurisation de la propriété foncière qui a démarré en premier : la plupart des paysans ne sont pas officiellement propriétaires de leurs terres, sont considérés comme squatteurs et de ce fait taxés à outrance. En novembre 2018, LABS a œuvré pour légaliser 30 terrains (documents cadastraux à jours, papiers administratifs en possession des paysans…). Il en reste encore 30 autres à légaliser, plus complexes pour identifier les propriétés existantes.

En novembre 2020, 56 terrains sont légalisés… et en parallèle le nombre de producteurs a augmenté. L’action s’est poursuivie en 2021.

Construire un centre de santé de base

Le centre de santé de base d'Ambaja a été inauguré au printemps 2021 (photo Gaëlle Collin)

La construction d’un dispensaire (Centre de Santé de Base – CSB) a aussi été élue comme action prioritaire. La région du Haut Sambirano n’avait pas de structure de soins et elle était isolée en saison des pluies, périodes des plus fortes fièvres.

La construction a pu se faire sur un terrain à Antseva, situé stratégiquement au centre de la zone de production, à « seulement » 5-6h de marche des producteurs les plus éloignés, soit bien plus près que l’actuel centre de santé le plus proche, à Ambanja.

Les travaux se sont terminés début octobre 2020, et même temps que les appels d’offre pour les postes à pourvoir étaient diffusés, en lien avec l’hôpital d’Ambanja. Deux infirmiers et une sage-femme ont été recrutés début novembre. Ceux-ci ont identifié le matériel nécessaire à leur travail et organisé les achats.

En avril 2021, le centre était inauguré et plus tard dans l’année, des améliorations ont été apportées, du fait de défauts dans la construction initiale. L’équipe a également été renforcée avec 1 femme de ménage et 1 gardien.

Toilettes et accès à l'eau potable

L’accès à l’eau est une autre difficulté récurrente à Madagascar.
En 2021, une partie du fonds de développement a été allouée à la construction d’un puits à Antseva.

3 blocs (en dur) de toilettes ont également été construits.

Puits d'alimentation en eau installé à Antseva (photo Gaëlle Collin)

Une case d’accueil et de stockage sécurisée

Une case « en dur », sécurisée, de 35m2 a été construite à Antseva et inaugurée en octobre 2020. Elle permet de réaliser un stockage intermédiaire des précieuses récoltes.

Un coffre fort est même destiné à la vanille, car les producteurs n’étaient pas rassurés d’avoir de la vanille verte chez eux, par rapport aux risques de violences liés aux vols.

Les poivriers n’arrivent pas à maturité tous en même temps. Cette case « tampon » va permettre de stocker le poivre au fur et à mesure et de ne le descendre qu’une fois l’ensemble de la récolte terminée.

Cette case permet également de stocker le riz acheté en amont par LABS avant que la région du Haut Sambirano ne soit coupée du reste de l’île pendant la saison des pluies.

Enfin, elle peut également servir à loger les visiteurs…

Aperçu de l'extérieur de la case des producteurs achevée fin 2020 (photo Gaëlle Collin)

Salles de classe, matériel et frais scolaires

Une partie du fonds de développement est utilisée pour prendre en charge les frais de scolarité des enfants des producteurs.

Deux écoles publiques de 160 m2 chacune, comprenant 2 salles de classes avec équipement complet, ont été construites à Amboangibe et Mahavagnono et inaugurées en 2022.